Réfection d’un saxophone alto Dolnet « Euphone » L'instrument est dans son jus. Globalement en bon état hormis un petit enfoncement sous une des gardes. Pas trop de jeu d'usure. Les tampons et ressorts sont HS. Opération à mener : Démontage complet avec dépose des ressorts, lièges et tampons. Débosselage de l'enfoncement, vérification des soudures des cheminées (sur les instruments de cette époque (1930/40 je pense...à vérifier, les cheminées étaient non pas étirées comme de nos jours mais soudées et donc démontables, ce qui représente certain avantage en cas de choc et déformation), vérification de la planéité des cheminées, nettoyage complet du corps, clés, axes et vis, pose de ressorts neuf, pose de lièges et feutres neufs, tampons neufs, réglages complets, remise en ligne de certains leviers légèrement tordus. au fur et à mesure du remontage, je vérifie les jeux d'usure et les rattrape si besoin est, vérifie également l'état des axes et vis...enfin bon , il faut que ça marche et que ça dure ! tout est remonté et bien réglé comme il faut, je règle la hauteur de levée des clés, vérifie qu'il n'y ait pas de jeux entre le moment où l'on appuie sur la touche et l'action de la clé, je ne sais pas si c'est très clair mais je peux vous dire que c'est plus rapide à écrire qu'à faire. Si vous avez des questions....Hé bé....posez les !Il est à noter que sur les instruments anciens, la clé de do dièse grave n'est pas du côté où on la trouve sur les instruments récents, de plus elle est en une partie, pas de levier et de clé, juste une longue clé bien lourde avec un très gros ressort. Je jeu consiste donc à effectuer un bouchage parfait, ce qui permettra de ne pas trop tendre le ressort pour pouvoir appuyer avec le petit doigt de la main gauche sans ce faire une tendinite.Comme vous pouvez le constater chers Zamis, l'instrument est argenté, c'est à dire "plaqué" argent sur un corps en laiton. C'est un Dolnet de fabrication française. Vous trouverez pas mal de renseignement sur le site suivant : http://saxofjazz.eklablog.com/dolnet-tresors-inconnus-du-monde-du-sax-a112480776 mais ce n'est pas le seul site qui parle de Dolnet. Ce que je peux vous dire c'est que j'ai refait pas mal de Dolnet ténor des années 50 notamment et qu'au niveau des qualités sonores, ils n'ont rien à envier aux Selmer Mark VI (que j'adore par ailleurs). Cependant il faut s'habituer à l'ergonomie "Dolnet" qui n'est pas facile facile. Ce modêle "Euphone" est le premier que j'ai en main.Le sax est démonté. Nous voyons mieux les cheminées soudées. Les gardes, protection des grosses clés du bas ne sont pas démontables (si mais il faut dessouder). Ce sont juste de gros fils de laiton.première étape du nettoyage manuel : application de la "popote"chouette non ?Je passe plus d'une heure à nettoyer le corps...certain vont penser que je suis un peu lent....c'est possible...dans ce cas....faites le vous même ! ha voilà...l'enfoncement. j'ai réussi à rattraper le coup en force sans dessouder la patte (photo précédente). j'étais en forme, le plus souvent, je dois dessouder. encore une inversion de photo. Sous la patte de la garde, il y avait un enfoncement, avant que mes mains magiques (c'est un peu trop ? ha) n'interviennent. Tout est prêt pour le remontage. cheminées soudées des clés aigus. pas de problème de soudure, le surfaçage est correct. Il faut dire qu'avec cette épaisseur, c'est du solide ! je passe dans la pénombre, une lumière à l'intérieur pour vérifier qu'il n'y ait pas de fuite dû à une brasure étain défectueuse. Laisser un défaut de cet ordre aurait de fâcheuses conséquences...imaginez, le sax est terminé, je l'essaie, je me rends compte qu'il y a comme un défaut, ya comme une fuite mais les tampons sont bien posés, gloups...la cheminée qui fuit!!! je redémonte tout ou presque, dessoude et ressoude et repose un tampon neuf et rerègle les correspondances qui s'y attache....là...je pleure...mais non, c'est un mauvais film et ça n'est pas arrivé. Début XX ème. Chaque pièce était faite à la main par un ouvrier, chaque sax était légèrement différent. Et c'est beau ! petit détail : regardez les petites plaques ovales soudées. Elles sont juste là pour protéger le corps de l'instrument en cas de choc sur les clés des aigus ( ré, ré# et fa). Je crois que je n'avais pas vu ce genre de plaques au paravents. Après avoir coupé le ressort à la bonne longueur, je le cambre. Une belle cambrure...c'est beau mais surtout ça offre un touché plus souple et un retour efficace de la clé. après avoir fait un "plat" en bout, je mets le ressort en place. je termine avec une tenaille dont les parties coupantes ne coupent plus, pour qu'il n'y ait pas un vilain petit morceau de ressort qui dépasse du support. j'aime bien cette photo, on dirait des petites bécasses qui font du stop avec leurs becs ( je ne suis pas bloqué sur cette interprétation, si vous voyez autre chose, on en discute). Dernière chose sur les ressorts : ne jamais mettre un diamètre de ressort plus fort que nécessaire, c'est catastrophique. vous vous retrouvez avec une clé soit trop dure soit trop faible...impossible à régler correctement. Des dizaines d'années de vielle graisse à l'intérieur des charnières Je nettoie et démonte et nettoie et démonte de nombreuses tête d'axe ont cet aspect la. Les remettre en état parfaitement nécessiterait de couper la partie trop abimée, ce que je ne ferais pas. Je vais m'en sortir au mieux en "brunissant" la tête. Je "brunis", ce qui va légèrement refermer la fente de la tête de l'axe. Ce n'est pas tout de pouvoir remettre la clé, il faut également être sur de pouvoir dans l'avenir, la redémonter en douceur...donc je 'brunis" ! Axe remonté. Ce n'est pas formidable mais c'est opérationnel. ça ne se voit pas mais le jeu au niveau de cette charnière était très important ce qui nuira probablement à la précision du fonctionnement de la clé d'octave. avec une pince spéciale, j'étire la charnière sur l'axe et par là même, je rattrape le jeu néfaste. la clé d'octave nettoyée et remontée. on voit maintenant le levier qui glisse sur le rouleau de la clé. petit détail intéressant : le petit rouleau qui permet à un levier actionné par la clé de sol de "rouler" en douceur...joli. Coup de chance, j'ai réussi à démonter tous les axes assez facilement. Ce n'est pas souvent le cas sur les vieux instruments. Ceci est la clé d'octave du haut de corps de ce saxophone. Trés originale et ça fonctionne bien.Le début du début, coller un liège sur une clé : dégraisser, avoir une bonne qualité de liège, la bonne épaisseur. A l'époque de la fabrication de cet instrument on collait avec de la gomme laque, on chauffe la clé, on applique la gomme qui font au contact du métal et on pause le liège. ça semble simple mais il faut un bon coup de main pour réussir ce collage. Perso, je colle à la néoprène. ça marche bien et c'est sans surprise.Comme pour le reste, ça semble simple de couper un liège avec une demi lame de rasoir et bien détrompez vous. Avoir le bon angle, ne pas s'arrêter dans la coupe pour ne pas avoir "une bavure", ne pas attaquer le métal. C'est vrai que l'on peut toujours "arrondir" avec une pierre à poncer mais je préfère les bords "francs", je n'aime pas les borts "mous". Question de gout simplement.Ce qu'il faut remarque dans cette image, ce n'est pas tant le liège terminé que la lame de rasoir. Pendant 20 ans j'ai coupé mes lièges avec des lames bleus de chez Gilette. Coupe parfaite et durable. C'était trop bien, trop solide. J'ai acheté de wilkimachin (sur la photo) et des gilettes chinoises, deux fois plus cher et dix fois moins bonnes. ça s'appelle le progrès...bon j'arrête de faire le vieux con...enfin j'essaie. Ce qu'on appelle "la main droite" c'est à dire l'ensemble des clés du sol dièse au ré grave, est faite. Blocage délicat des clés par des lièges pour que les empreintes des tampons se stabilisent. Les plus fins observateurs auront remarqué que je n'ai posé que les ressorts de la main droite et pas les autres...en fait, pour tout vous dire, je n'aime pas trop me piquer les doigts et je pose donc les ressorts au fur et à mesure de la progression du travail. Joli profilJe me rends compte que je vous ai zappé la pose des tampons mais en cherchant un peu vous retrouverez cette étape essentielle (mais pas photogénique!) dans une précédente publication. Voilà, le sax est prêt. Je suis saxophoniste et j'essaie bien sur les instruments. Je suis toujours curieux du son d'un sax inconnu (pour moi). Résultat : son clair et facile d’émission. La justesse n'est forcément pas aussi bonne qu'un instrument actuel, nous avons fait des progrès tout de même, mais le son est très intéressant. L'ergonomie est au niveau de l'époque. Le clavier (auriculaire de la main gauche) fait peur mais il ne m'a posé aucun problème. Je joue sur un soprano Conn de 1934, je suis en terrain connu. Le ré dièse et do grave sont plus difficile, trop vers le bas pour le doigt mais on doit s'y faire, il faut apprivoiser la bête. Précédent Suivant